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Chronique d'une meuf au bout Épisode 1 – Durites, batteries, plafond blanc. Et autres coups de grâce.

Chronique d'une meuf au bout Épisode 1 – Durites, batteries, plafond blanc. Et autres coups de grâce.

J'assassine qui?

Parfois, la poisse se présente poliment, par petites touches.

Et parfois, elle débarque avec un sac de pierres, une minerve, trois véhicules défaillants, un contrat de location en caractères 2,5, un hôpital parfaitement incompétent, et un dossier Airbnb à monter en boitant.

Oui. Une cascade. Dans tous les sens du terme.


En ce moment, j’accumule.

  1. Fourgon : les durites à répétition (quand j'en ai besoin sinon ce ne serait pas drôle).

  2. Voiture 1 : la batterie.

  3. Voiture 2 (ma fille) : le frein à main (la batterie, c’était en août, on garde une certaine logique).

  4. Location de voiture de prêt : franchise de 5000 euros en tout petit. Pas le droit à l'erreur Claudine! 80 euros par jour jamais mentionnés...

Écrits en mode réservé aux petits yeux laser avec scanner à PDF intégré.

  1. D'autres joyeusetés financières et logistiques non mentionnées (car je m'y perds...)


Et puis Gillou, dans son costume froissé, qui me sort :

"La batterie ? Ah non, pas sous garantie."

(Batterie de voiture électrique. Donc la moitié du véhicule. Pour situer.)


À ce moment-là, j’ai compris que ce n’était pas la voiture qui allait péter une durite.

C’était moi.

Et que Gillou risquait de voir son téléphone remonter par les narines si je n’inspirais pas très fort en invoquant le dieu du calme.

Alors j’ai respiré.

J’ai râlé (efficacement).

Pas de frais de location ? Bien.

La garantie ? Une grenade dégoupillée.

Je ne bouge plus. Tiroir mental refermé à clé. L’étiquette : à ne pas ouvrir sans casque anti-émeute.


J’ai pris leur voiture. Je l’ai assurée à mon nom, parce que l’épuisement n’empêche pas l’intelligence. Et bim. La franchise, Gillou. Dans ton c...

J’ai branché leur monstre à la maison. (PS : EV3 de chez KIA. Je recommande. Quand ça ne me trahit pas.)


Ah, et sinon ? Le formulaire Airbnb pour déclarer la chute.

L’hôpital qui me demande aujourd’hui en urgence ma carte de mutuelle, sous peine de me facturer. Jamais demandée pendant mes plus de dix heures aux urgences, dont 80 % seule à fixer un plafond blanc, sans réseau, avec une minerve. Et j’avais la carte sur moi, bien sûr.


Je pense faire un troc : carte de mutuelle contre attestation médicale. Histoire d’équilibrer un peu le niveau d’agressivité dans ce jeu de ping-pong administratif.


Demain, j’ai le concert d’Ed Sheeran. Je vais poser mes conditions pour le retour de l'EV3. Choisir mon heure. Et le reste ? Ce sera lundi. Pas avant.

Parce qu’à un moment, faut choisir entre exploser…ou hiberner.

Et moi, j’ai bien envie d’hiberner. Et de ressortir un peu plus tard, quand le destin arrêtera de me saouler.


Et sous le sarcasme, il y a ça :

Cette lassitude qu’on garde polie, qu’on noie dans les détails techniques.

Mais qui, certains jours, a besoin de monter en surface. En entier.

J’en ai marre. Et j’ai le droit.

J’en ai marre de devoir être forte.

Marre d’additionner les épreuves comme si c’était normal.

Marre que la vie me dise sans arrêt « encore un petit effort ».

Mais pourquoi moi ?

Pourquoi toujours moi ?

Pourquoi pas un bonheur simple, clair, stable ?

Pourquoi pas un amour qui reste ?

Un oui franc, entier, sans conditions ni silences ?

J’ai le droit au bonheur.

Au vrai.

Pas à celui qu’on arrache à coups de thérapie et de patience.

Pas au réconfort rationnel.

Au putain de bonheur qui vient sans test à passer.


J’ai le droit à un « ça va aller » qui ne cache pas un « mais ».

J’ai le droit qu’on prenne soin de moi sans que je le mérite, juste parce que j’existe.

J'ai le droit à un entourage qui va bien, qui ne m'inquiète pas.

J’ai le droit à un miracle banal : une voiture qui démarre, un corps qui tient debout, une personne qui m'aime.

J’en ai marre de faire semblant que je gère. Même si je finis par gérer à grand prix. Ou à jongler et c'est presque pareil vu de l'extérieur.

Marre d’écrire des jolis textes pour survivre.

Marre de transformer la douleur en or alors que je voudrais juste qu’elle s’arrête.

Je ne suis pas ingrate.

Je suis épuisée.

Je ne me plains pas.

Je réclame.

Et je ne veux plus demander en chuchotant.

Je crie.

J’ai le droit à une fin qui ne me laisse pas sur le carreau.

J’ai le droit à un amour qui me choisit et qui reste.

J’ai le droit à une trêve.

Et si la vie ne me l’offre pas, qu’elle sache au moins que j’en ai assez de faire bonne figure.

Ce texte est le premier d’une série.

Pas pour faire du bruit.

Pas pour chercher des solutions.

Juste pour dire les choses.

Les vraies.

Les dures.

Les drôles aussi.

Celles qui débordent.

Je veux juste pouvoir respirer sans penser à la prochaine merde à gérer.


Alors si toi aussi tu sens que t’as envie d’hiberner, d’exploser, ou juste de poser ton sac de pierres, tu peux venir le faire ici en commentaire. On n’a pas toutes les réponses. Mais parfois, poser les mots, c’est déjà commencer à reprendre le pouvoir.


🖊 Une chronique de Selene – pour toutes celles qui tiennent debout même quand tout part en vrille.

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