Fièvre
- Selene De Beaumont
- 9 août
- 2 min de lecture
Fièvre

Il pourra s’asperger de mille parfums,
se brûler la peau à l’encre d’autres souffles.
Il pourra poser ses lèvres nues sur des ombres délicates,
inscrire un autre nom dans sa tête…
Mais c’est bien son sourire que son corps réclamera,
encore, en tremblant.
Il pourra écrire des lettres sirupeuses,
s’évader en mille lieux qu’elle ne connaît pas,
avancer à toute allure pour balayer sa trace
et suivre de nouveaux pas.
Il pourra hurler sa voix dans une rage folle,
maudire le jour qui l’a conduit jusqu’à elle,
gratter l’éclat de leur amour à la rouille de ses doigts,
salir leurs draps et jeter toute trace d’elle…
Mais c’est bien son cœur que son cœur réclamera,
encore, en tremblant.
Elle restera celle qu’il rejoint chaque nuit
dans le silence de ses pensées et dans le creux de son âme.
Elle restera celle qui a écrit un avant et un après.
Elle restera celle de ses rêves les plus purs et les plus sombres.
Elle restera l’insomnie de ses nuits.
Elle restera celle qui a laissé au fond de lui une marque de feu,
dont l’odeur sauvage l’assaillira dans l’ombre,
jusqu’à le réveiller en sueur.
Elle restera le jour éternel — celui des matins doux,
dont la saveur jamais ne meurt.
Il sentira encore ses ongles s’ancrer dans sa chair,
la morsure lente de ses lèvres qui n’ont connu que lui,
lui rappeler qu’il l’a portée comme une fièvre,
et que de ce mal, il ne peut guérir.
Car ce qui est sacré ne peut être souillé.
Ce qui est sacré brille dans les grottes les plus obscures.
Ce qui est sacré fait renaître une aube claire
en plein orage.
Selene
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