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Si seulement…

Si seulement…


Le fil invisible. L'intuition.

Si tu savais le nombre de fois où je caresse cette montre. Ce n'est plus un simple objet, c’est un pont invisible entre toi et moi. Sous mes doigts, ce n’est pas du métal froid, c’est ta peau, ta présence qui refuse de disparaître. C’est un câlin silencieux, un geste qui te cherche encore, comme si mes bras t’enveloppaient à travers le temps et l’absence. Et pourtant, je sais. Quelque part, au-delà du silence et de l’absence, il y a quelque chose qui vibre encore. Un fil invisible que l’on ne peut pas trancher. Je le ressens, comme on devine un frisson avant qu’il ne parcoure la peau. L’intuition me murmure ce que mes yeux ne voient plus.

Quand je pose ma main dessus, je ferme les yeux. Et je te vois. Heureux. Détendu. Avec un travail qui te plaît, ton chien trottant à tes côtés, la vie qui s’ouvre devant toi au lieu de se refermer sur des doutes. Et puis, il y a nous. Nous deux, marchant main dans la main sur une plage au crépuscule, les vagues venant lécher nos pas. Ou bien en forêt, le parfum de la mousse et du bois flottant autour de nous. Ou encore dans un hall d’aéroport, une valise Cabaïa à la main. Je t’avais acheté le bagage pour Venise, je rêvais de t’offrir la cabine assortie, celle qui t’aurait accompagné dans tous nos voyages. Deux jumeaux dans le monde, inséparables.

Tu aimais tant porter mes vêtements, mes marques, mes colliers. Tu étais heureux d’être à moi, d’être numéroté, et j’étais heureuse aussi. On se reconnaissait, on s’appartenait d’une manière douce et absolue. Où est-il passé, ce bonheur ? Pour te trouver toi-même, devais-tu me quitter, moi, l’une des personnes à croire en toi, à te dire que oui, tu pouvais reprendre tes études, que oui, tu réussirais ?

J’étais là. Si seulement…

Alors je caresse cette montre et ce sont tes cheveux ma blonde, ma beauté pour toujours, que je sens glisser entre mes doigts. Mes bras t’entourent, même si tu ne le sais plus. Tu aimais tant te lover contre moi, t’endormir dans mes bras. Tu te rappelles des siestes dans le jardin ? Toi, tu dormais profondément, et moi, je restais éveillée, simplement heureuse de te savoir enfin apaisé. Toi qui avais tant de mal à trouver le sommeil. Je te regardais. J’étais bien.

Mais est-ce que je mesurais ce bonheur à sa juste valeur ?

Peut-être que tout ça devait arriver. Peut-être que cette étape a un sens, même si je ne le vois pas encore. Peut-être que j’ai dû perdre pour comprendre, pour ressentir pleinement ce que j’avais sans toujours le voir dans toute son entièreté.

Mais si j’avais su…

Je t’aurais enchaîné. Mais peut-être que rien ne disparaît vraiment. Peut-être que ce lien, même distendu, continue d’exister ailleurs, dans un espace que seule l’intuition sait toucher.

Si seulement.


Selene

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