Entre deux eaux, au milieu des ruines
- Selene De Beaumont
- 10 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 mars
Entre deux eaux, au milieu des ruines
J’avais une mission à accomplir. Ce blog est né de ça. D’un besoin urgent de mettre des mots sur l’indicible, de reconstruire quelque chose sur les décombres laissées derrière lui.
J’ai écrit ces épisodes pour lui et pour moi.
Pour lui, parce que notre histoire méritait d’être racontée. Parce qu’elle était trop forte, trop belle, trop marquante pour être simplement balayée par le silence. Parce qu’il était quelqu’un qui méritait d’être aimé. Parce qu’il l’a été. C’était un hommage. Une miette d’éternité.
Pour moi, parce que l’écriture est devenue le seul moyen de survivre à cet effondrement. Parce que j’avais besoin d’extérioriser, de donner une forme à cette douleur qui me brûlait de l’intérieur. Parce que c’était un acte d’amour, mais aussi un acte de survie.
Et pourtant, aujourd’hui, je me tiens toujours au milieu d’un champ de ruines.
Une partie de moi est morte avec lui.
Une autre est née avec lui.
J’avance, pas à pas, mais les gravats crissent encore sous mes pieds.
Je ne suis plus tout à fait la même, mais je ne suis pas non plus une autre.
Je ne regarde pas encore vers l’avenir, mais je n’arrive plus à rester figée dans le passé.
Des blessures sont nées.
Des blessures qu’il aurait pu apaiser, s’il avait eu la sincérité et le courage de les voir.
Mais j’apprends, jour après jour, que je devrai les guérir seule.
Et ce n’est pas facile.
J’ai aimé avec l’intensité de quelqu’un qui a trop longtemps vécu seule, qui avait un monde entier à offrir. J’ai aimé avec la force de quelqu’un qui croyait que l’amour pouvait tout surmonter.
Mais il n’en veut pas.
Alors j’écris. Pour ne pas sombrer.
Pour ne pas me perdre totalement dans ces ruines.
Un jour, je fermerai cette porte.
Un jour, ces décombres ne seront plus qu’un lointain paysage derrière moi.
Mais pas aujourd’hui. Pas encore.
Parce que ma douleur, aussi insupportable soit-elle, est encore une trace de lui. J’ai autant peur de la garder que de la perdre. Parce que si un jour elle s’efface, alors il disparaîtra totalement.
Et pourtant, je dois avancer.
Ma colère naissante me fait peur. Elle est là, nécessaire, parce que certaines choses ne sont ni justes, ni humaines à vivre. Parce que l’indifférence est un poison. Parce qu’il aurait pu, il aurait dû… Mais je ne veux pas le détester…
Si seulement il avait eu le courage d’entendre ma peine.
Si seulement il avait mûri de tout cela.
Si seulement il m’avait aimée pour ce que j’étais vraiment, et non pour l’idée qu’il se faisait de moi.
Parce que l’amour véritable, ce n’est pas un idéal figé. Ce n’est pas une illusion qui s’effondre au premier vent contraire. L’amour, le vrai, c’est choisir l’autre malgré les doutes, malgré les désaccords, malgré les imperfections. C’est affronter ensemble ce qui dérange, ce qui blesse, ce qui fait peur. C’est se tenir debout, main dans la main dans la tempête.
Il disait m’avoir choisie. Mais aujourd’hui, je réalise que je parlais sans doute à un écho, à un miroir qui ne faisait que me renvoyer mes propres mots, sans jamais vraiment les habiter.
Et maintenant, il sait. Il sait que ce blog existe.
Et il n’en a probablement que faire.
Alors oui, je sais que c’est à moi de lâcher prise.
Je sais que c’est à moi de renoncer.
Mais comment ferme-t-on une porte quand une partie de nous espère encore qu’un jour, elle s’ouvrira de l’autre côté ?
Je ne suis pas encore prête. Je vais y travailler.
Et je vous tiendrai au courant.
Et j’espère que vous aussi, vous partagerez vos histoires avec moi.
Selene
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