Hommage à Alexandre, ce roc silencieux
- Selene De Beaumont
- 27 avr.
- 3 min de lecture
Hommage à Alexandre, ce roc silencieux
Hommage
Il existe des âmes qui ne font pas de bruit quand elles changent une vie. Alexandre est de celles-là.
Grand, solide, avec cette carrure large d’homme fait pour porter, protéger, entourer.
À ses côtés, tout semblait moins lourd. Il avait cette force tranquille, mais aussi une douceur infinie, presque pudique.
Nous partagions à l'époque le goût du sport, des courses où l’on s’épuise juste pour le plaisir d’avancer ensemble. Enfin, je m'épuisais et je râlais, lui m'encourageait.
Pas besoin de beaucoup de mots : nos foulées parlaient pour nous. Le sérieux de son métier ne l’empêchait pas de cultiver ses passions : par générosité, par amour du partage, il avait même préparé son CAP de cuisine, simplement pour mieux donner.
Alexandre, c’est aussi celui qui était là quand j’ai acheté ma maison. Qui m’a aidée à porter mes rêves, mes cartons, mes hésitations. Qui a toujours offert son temps, sa patience, sa force sans jamais rien demander en retour.
Il y a eu entre nous ce trouble, cette zone fragile entre l’amitié et quelque chose d’autre.
Un entre-deux où, par peur, par incapacité à accueillir tant d’amour, je l’ai blessé. Et certainement parce que ma profondeur de sentiment pour lui n'était pas la même.
Il se projetait dans un autre monde alors que je posais les pierres du mien. Je sentais mon rêve, cette maison, se dérober sous mes pieds à mesure que ses rêves à lui grandissaient.
Il ne disait pas ces mots à la légère. Quand il m’a dit « je t’aime », c’était la première fois depuis sept ans qu’il offrait ces mots à quelqu’un. Je n’ai pas su les recevoir. Je n’ai pas su rester.
Je me souviens encore de cette journée. Celle où, le cœur brisé, il a pleuré dans mes bras, et où c’est moi qui le consolais du mal que je venais de lui faire.
Encore.
Ce n’était pas la première fois que j’allais vers lui pour m’en aller ensuite.
Il n’a jamais pris mes allers-retours comme des trahisons.
Il n’a jamais fermé son cœur derrière son orgueil blessé.
Il m’a toujours réaccueillie, sans reproches, comme on accueille quelqu’un qu’on choisit d’aimer, quoi qu’il arrive.
Il ne m’a jamais reproché de partir non plus. Il m’a juste laissé une porte entrouverte, silencieuse, discrète.Un pacte muet : si un jour je voulais revenir, même pour un moment, il serait là.Sans rancune. Sans demande. Sans condition.
Quand tout aurait pu être jeté, il m’a offert un cadeau. Un cœur en diamant. Un cadeau d’amour, à un moment où plus rien n’était possible entre nous, quelque temps après mon départ. Un cadeau qu’il aurait pu revendre, garder pour d’autres.
Mais non. Il me l’a donné, comme on donne ce qu’on porte de plus pur, car il était à moi et à personne d’autre.
Aujourd’hui, je porte ce cœur contre moi. Pas pour lui, pas pour le passé.
Mais parce que j’aspire à attirer à moi cette forme d’amour la plus pure, la plus offerte. Même si la vie m’apprend, chaque jour, que ce premier amour, c’est à moi-même que je dois l’offrir.
Alexandre, c’est la générosité sans calcul. La fidélité silencieuse. La bonté sans étendard.
Un homme dont les valeurs ne sont pas criées mais vécues.
Aujourd’hui, je veux lui rendre hommage. À son amour, même blessé. À sa gentillesse immense. À cette noblesse discrète que peu de cœurs savent porter.
Il existe des amours qui ne portent pas le nom d’amours mais d’amitiés. Mais qui marquent le cœur pour toujours.
Merci, Alexandre.
Merci pour tout ce que tu as été.
Et tout ce que tu es encore.
Selene
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