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Pourquoi je n’arrive pas à intégrer ses mots ?

Dernière mise à jour : 20 mars

Ne pas s’autopunir

Pourquoi je n’arrive pas à intégrer ses mots ?


“C’est fini, Selene.”

“Et tu ne ressens plus rien ?”

“Non.”


Ces phrases tournent en boucle dans ma tête, mais une partie de moi refuse de les croire. Je les entends. Je les comprends. Mais elles ne rentrent pas.


Parce qu’elles sonnent faux. Parce qu’elles n’ont pas la chaleur de sa vérité. Parce que j'avais l'impression qu'il portait un masque, un bouclier.


J’ai accepté que je devais abandonner l’espoir qu’une action de ma part changerait quoi que ce soit. J’ai tout fait. Tout. Et pourtant, quelque chose en moi s’accroche encore. J'ai des sentiments chevillés au coeur.




Peut-être parce qu’il aurait pu me le dire autrement. Avec douceur, avec respect.

Me dire que ses sentiments s’étaient éteints avec le temps.

Me dire que j’étais une personne extraordinaire, mais que ce n’était plus possible.


Mais il ne l’a pas fait.


À la place, il m’a rejetée avec un mépris que je n’arrive pas à comprendre.

Comme s’il fallait que je paie.


Et peut-être que c’est exactement ce que je suis en train de faire.

Même sans son aide.


La punition


Depuis sept mois, je suis enfermée dans une boucle auto-punitive.


Parce que je m’en veux.

Parce que j’ai eu des gestes violents envers lui, pensant qu’il les voulait.

Pensant qu’il avait besoin de ce rapport de force pour m’aimer.


Alors depuis sept mois, je ressens le besoin d’expier.


J’aurais aimé recevoir la même chose. Équilibrer la balance.

Ne plus porter ce poids seule.


Même si j’ai réfléchi à mille explications depuis.

Même si nous étions deux dans cet engrenage de domination / soumission.

Même si la communication et la responsabilité se partagent.


C’est comme si j’avais tout pris pour moi.


Et en me parlant comme il l’a fait, il me donne toute la responsabilité.

Il se place en victime et en juge à la fois.


J’ai tout arrêté.


Je n’ai plus voulu voir personne.

Même l’amour de mes amis, je le refuse.

Parce que dans ma tête, je ne le mérite pas.


Parce que dans ma tête, j’ai perdu ce droit.



La salle au trésor


Tout cela, je l’ai compris il y a peu.

Réellement ce matin, en fait.


En août, au moment où tout s’est brisé, j’ai fait une séance d’hypnose.


J’ai vu une salle magnifique, remplie de trésors.

Des bijoux, des pierres précieuses, des coffres, un éclat doré partout autour de moi.


J’ai voulu les toucher. Les prendre.


Et puis, sans prévenir, une douleur immense m’a traversée.


“Ce n’est pas à moi.”

“Je n’ai pas le droit.”

“Ce n’est pas pour moi.”

“Je n’ai pas ma place ici.”


Je me suis mise à pleurer, à convulser.


C’était trop. Je ne méritais pas tout ce qui était beau.


La seule chose qui m’a apaisée, c’est quand l’hypnothérapeute m’a dit de chercher de l’aide.


Alors, je suis montée sur un nuage.

Je me suis éloignée de tout ça.


Comme si la seule façon de ne pas souffrir était de me tenir à distance du bonheur.


Et aujourd’hui, je réalise enfin ce que cette scène signifiait.


Depuis août, je me prive de tout.

De la joie.

De l’amour.

De la tendresse des autres.


Parce qu’au fond, je pense ne plus avoir le droit au bonheur.


Comme si je devais rester là, seule, avec cette douleur que j’ai créée.


Le pardon


Je lui ai écrit une lettre.

J’ai essayé de lui dire.


Mais ça ne suffit pas.


Je veux qu’il me pardonne.

Non pas pour moi—je sais que le pardon que je cherche, c’est celui que je dois me donner à moi-même.


Mais je veux qu’il me pardonne pour lui.


Parce que je ne veux pas qu’il garde en lui ce que j’ai pu réveiller.

Parce que je ne veux pas qu’il en souffre.

Parce que, s’il y a bien une personne au monde à qui je ne voulais pas faire de mal, c’était lui.


Je sais qu’il a déjà tant à porter.

Je sais qu’il pense devoir réapprendre à s’aimer.


Et je crois que c’est là notre point commun le plus cruel.


Moi aussi, je dois réapprendre à m’aimer.



Le monstre


Je me suis méprisée pendant ces sept mois.


Je me suis méprisée d’avoir brisé quelque chose en lui.

Je me suis méprisée de ne pas avoir vu ce que je lui faisais.


Qu’il n’était pas ok.


Je me suis méprisée d’avoir voulu croire qu’il était fier, alors qu’il ressentait peut-être du dégoût.


Et dans son regard, aujourd’hui, je lis quelque chose d’atroce.


Il me renvoie l’image d’un monstre.

À écarter.

De qui il faut se protéger.


Peut-être parce que lui aussi s’est senti mauvais en me voyant comme ça.

Peut-être parce qu’il s’en veut d’avoir été là.

D’avoir laissé faire.

De ne pas avoir dit les mots à temps.


Peut-être qu’il a eu honte, autant que moi aujourd’hui.

Peut-être que je l’ai renvoyé à des douleurs qu’il ne voulait pas revivre.


Et c’est ça, le pire.


Parce que lui, il n’est pas mauvais.


Et je veux qu’il le sache.

S’il lit ces mots un jour, je veux qu’il sache que ce n’est pas lui qui méritait tout ça.


Ce n’est pas lui.

Et je ne m’en suis pas rendue compte.



Avancer


Alors comment on fait ?

Comment on réapprend à s’aimer quand tout en nous crie qu’on ne le mérite pas ?


Peut-être que la première étape, c’est d’arrêter de se punir.

D’accepter cette souffrance sans la nourrir davantage.

D’accepter qu’on a fait du mal, sans pour autant croire qu’on est condamné à en faire toujours.


Peut-être que c’est en essayant, malgré tout, de toucher du bout des doigts ce trésor qui nous terrifie tant.


Peut-être que c’est en acceptant que nous sommes humains, d'être indulgent envers nous-mêmes et de considérer toutes les responsabilités, les choses que l'on a faites de bien aussi et elles sont plus nombreuses.


Je ne suis pas un monstre.

Il ne l’est pas non plus.


Et peut-être qu’un jour, il pourra le voir.

Et peut-être qu’un jour, je pourrai me pardonner.


Se pardonner, ce n’est pas effacer.

Ce n’est pas minimiser.

Ce n’est pas dire que ce qui s’est passé n’a pas compté.


Se pardonner, c’est accepter que l'on fait comme on peut avec les connaissances que l'on a alors.


Je ne sais pas encore comment on fait.

Je suis encore en chemin.


Mais je sais que la première étape, c’est d’arrêter de croire que l’amour, la beauté, la lumière sont pour les autres et pas pour moi.


Et toi qui lis ces mots :


Tu n’es pas une somme d’erreurs.

Tu es une personne en mouvement.

Tu as le droit de t’aimer à nouveau.


Et ce trésor, cette lumière, cette douceur que tu refuses ?
Elles t’appartiennent aussi.

Selene








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