Quand le mode bizarre est activé
- Selene De Beaumont
- 25 mars
- 3 min de lecture
Quand le mode bizarre est activé
De la souffrance à la résilience : comment le besoin de se consoler après une séparation peut devenir un piège
Il y a quelques années, après une rupture, mon premier réflexe était de chercher à tout prix à combler le vide laissé par l’autre ou de me venger des éventuelles blessures reçues. Et après discussion avec quelques amis, je sais que nous sommes nombreux dans ce cas.
Je refusais la douleur, et je croyais que me “délivrer” de cette souffrance passait par des actions impulsives et un peu extrêmes. Je me suis laissée entraîner dans des relations pansements brèves, dans des situations à risques inconsciemment, pensant que cela pouvait me libérer de l’emprise du souvenir de l’autre. Mais à chaque fois, je m’enfonçais un peu plus dans une spirale de colère et de dégoût, envers lui et envers moi-même.
Le besoin irrépressible de se consoler
Pendant longtemps, je me suis retrouvée piégée dans cette quête effrénée de consolation. Après une rupture, il y avait toujours ce besoin de remplir le vide à tout prix ou de punir ou de montrer que j’avais qui je voulais quand je voulais. Pour moi, ce comportement était un mécanisme de défense : une manière de “saccager” le vécu, d’effacer tout ce que cette relation représentait, de la rayer de ma peau aussi. Mais en réalité, ce n’était qu’un déluge émotionnel sans fin, une fausse libération qui ne faisait qu’alimenter la douleur. Ce processus est bien analysé par Esther Perel dans “Mating in Captivity”, où elle explore comment, après une rupture, nous cherchons à retrouver un sentiment de pouvoir ou de contrôle, mais souvent, cela entraîne des actions impulsives et destructrices. Elle parle également du désir de “réparer” quelque chose dans la relation passée, mais il est souvent mal orienté et amplifie le vide existant.
La reprise de pouvoir illusoire
Je pensais que ces comportements me permettaient de reprendre le contrôle. Même lorsque c’était moi qui quittais, je me lançais dans des relations rapides, des gestes impulsifs, comme si cela pouvait me rendre plus forte. Mais c’était une illusion de pouvoir. Cela ne me donnait pas de force, bien au contraire. Cela me laissait avec une sensation encore plus profonde de colère. L’idée de reprendre le pouvoir après une rupture, surtout dans un état de vulnérabilité, est quelque chose qu’Abraham Maslow pourrait appeler un besoin de compensation. En fait, c’était une illusion de maîtrise. C.G. Jung, avec son concept de “l’ombre”, nous dit que ces comportements viennent souvent d’un besoin de rejeter des aspects refoulés de soi. C’est une tentative de se libérer de quelque chose que l’on ne veut plus affronter, mais qui finit par revenir, sous forme de douleurs et de comportements autodestructeurs.
Le manque et la prise de conscience
Aujourd’hui, je ressens encore ce manque, ce vide laissé par l’autre et je dirais même plus que jamais. Mais je sais maintenant que ces comportements ne feraient qu’aggraver la situation. Se consoler de manière hâtive et pansement n’effacerait pas ma peine. Je l’ai compris avec le temps. Et surtout, je ne veux plus infliger cette souffrance à quelqu’un d’autre en l’utilisant comme un remède temporaire pour mes blessures.
Ce chemin vers l’acceptation de la souffrance est parfaitement illustré par Brené Brown dans “The Gifts of Imperfection”, où elle défend l’idée que l’authenticité et l’acceptation de notre vulnérabilité sont la véritable voie de guérison. Ce n’est qu’en acceptant de vivre la douleur, plutôt qu’en cherchant à la masquer avec des relations superficielles, que l’on peut véritablement guérir. Et cette relation, malgré ses parts d’ombre, a été la plus lumineuse que j'ai jamais connue et je n’ai absolument pas envie de la ternir ou de m’en laver et ce, même en l’état actuel des choses.
Aujourd’hui, je sais que la guérison ne réside pas dans les pansements ou les comportements impulsifs, mais dans l’acceptation de ma propre vulnérabilité et de la douleur qui l’accompagne. Je préfère accepter la solitude, même si elle est froide, inconfortable, et douloureuse plutôt que de courir après un réconfort temporaire. Parce que ce qui reste, c’est moi, et c’est à moi de prendre soin de ce que j’ai vécu.
Et vous, vous êtes-vous déjà laissé aller à ce type de comportements pour tourner la page plus vite ?
Selene
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