Scénarios Interdits #3 – Le ruban rouge
- Selene De Beaumont
- 2 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 mai
Le ruban rouge
(Ou comment je deviens sa chose…)
Un ruban rouge accroché à ma portière conducteur. Une simple étoffe, et pourtant, un ordre. Un pacte silencieux. Ce soir, je ne suis plus maîtresse de rien.
Je prends place à l’arrière. Mon souffle est calme, mais sous la surface, tout palpite. J’attends. J’écoute. Puis la portière s’ouvre, et il s’installe au volant.
Je ne lève pas les yeux, mais je ressens sa présence. Différente. Plus affirmée. Une chemise blanche, entrebâillée juste ce qu’il faut, laissant deviner le tracé de ses muscles. Je fonds. Des manches roulées, dévoilant ces avant-bras entièrement tatoués que je désire tant.
À ses poignets, du cuir et du métal. Un jeans ajusté, faussement négligé, des chaussures italiennes pointues, choisies avec soin.
Il est beau. Il est dangereux.
Il attache sa ceinture dans un silence parfait. Puis il parle, sa voix grave, posée, une évidence.
— Tu n’iras pas chez ta tante. Elle est prévenue. Tu n’as aucun souci à te faire. Maintenant, tu t’en remets entièrement à moi.
Je retiens mon souffle.
— Enlève tes dessous.
Je reste immobile. Il attend. L’attente est déjà un ordre et une contrariété pour lui.
— Tu n’en as pas besoin. Je veux que tu sois accessible. En tout temps. En tout lieu.
Le silence s’étire. L’air devient lourd.
— Répète-le-moi.
Ma voix est un murmure. Je m’exécute.
— Maintenant, au centre. Ouvre tes cuisses. Je veux te voir dans le rétroviseur. Tu es merveilleuse comme ça.
J’obéis. Mon cœur cogne. La voiture démarre. La route s’étire, les minutes s’effacent. Je ne sais pas où il m’emmène, et je n’ai pas à le savoir.
Un arrêt.
Il descend, contourne la voiture, ouvre ma portière. Un froissement de tissu. Puis, un bandeau, glissé lentement sur mes yeux.
— Ne bouge pas.
Tout disparaît dans le noir. Plus de repères. Plus de contrôle. Juste le son de sa respiration, le frôlement calculé de ses doigts sur mon interdit, le test de différentes pressions jusqu'à un soupir de ma part, puis… rien.
Une porte qui claque. La voiture repart.
La cabane
Le trajet dure une éternité. Puis la voiture s’arrête, et le silence qui suit est assourdissant.
Il m’aide à descendre. L’air est frais, chargé d’odeurs de bois et de terre humide. Il me guide, une main ferme sur ma nuque et de l'autre me fait sursauter, il s'introduit brusquement en moi et me déplace en mon centre. Je ne sais plus où je vais. Le feu s'est installé dans mon ventre pour ne plus me quitter.
Une porte s’ouvre, puis se referme derrière moi.
— Nous sommes seuls ici.
Un murmure qui glace autant qu’il brûle.
— Personne ne peut nous entendre.
Un doigt sous mon menton relève mon visage aveugle, il se dégage de mon ventre et glisse ses doigts entre mes lèvres, en insistant.
— Tu es à moi.
Je frissonne.
Il retire mon bandeau. La pièce est éclairée à la lueur des bougies. Contre le plafond, une corde suspendue.
Il s’éloigne, me contemple, comme s’il jaugeait ma réaction.
— Tu as peur ?
Je me mords la lèvre.
— Réponds-moi.
— Un peu.
Un sourire effleure sa bouche. Il aime ça.
— C’est bien.
Il s’approche lentement, et d’un geste sûr, il défait les boutons de ma veste, puis de ma chemise.
— Tourne-toi.
J’obéis.
Ses mains glissent sur mes épaules, descendent lentement le long de mes bras. Puis, un déclic. Du métal. Des menottes ? Non.
Une ceinture.
Il me l’arrache d’un coup sec, un petit cri m'échappe alors que je vois ma jupe tomber sur mes chaussures. Je suis totalement nue, soumise à ses désirs.
— Ce soir, tu apprendras ce que veut dire me faire confiance.
Je ferme les yeux.
Et je bascule en avant lorsqu'il m'attache les poignets à la corde.
Il prend son temps.
Il tourne autour de moi, une caresse du bout des doigts, un effleurement à peine perceptible qui me fait frissonner. Je suis offerte, vulnérable, chaque battement de mon cœur résonne dans tout mon corps.
— Tu me supplies déjà, murmure-t-il en traçant des lignes invisibles sur ma peau. Tu sais que je n’aime pas ça.
Je tente de me contenir, de ne pas laisser l’impatience me trahir. Mais il sait. Il le sent.
— C’est indécent, souffle-t-il en glissant une main entre mes cuisses. Regarde-toi.
Un frisson me traverse. Je ferme les yeux. Le vide sous mes pieds, la tension de la corde, l’attente insoutenable… il joue avec moi, me façonne à sa manière.
Puis, brusquement, une fessée. Brûlante. Implacable. Une onde de chaleur explose en moi.
— Voilà ce que je fais des petites insolentes.
Un autre coup. Un gémissement m’échappe. Il me jauge, m’observe, attend que je cède. Que je craque.
— Tu veux que je te prenne, n’est-ce pas ?
Il connaît la réponse.
Alors il ne me laisse plus le choix.
Il se presse contre moi, ses doigts s’agrippent à mes hanches, sa bouche se pose sur ma nuque, et dans un dernier murmure, il me fait sienne, enfin.
Je bascule, emportée dans la vague brûlante de son désir. Mes poignets tirent contre la corde, mon corps s’arque sous l’intensité de son emprise.
Il est là, partout. Impitoyable. Irrépressible.
Le temps s’efface. Seuls restent la chaleur, la force, l’abandon total.
Et LUI.
Selene
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